Anne-Catherine DOR
Née en 1992 à Metz, vit et travaille à Hasparren (Pyrénées-Atlantiques).
Diplômée de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège (Belgique).
À la fois artiste et herboriste, Anne-Catherine Dor crée ses pigments à partir des éléments qu’elle collecte. Le paysage n’est pas que son sujet, il est aussi son support. La fabrication des matériaux fait partie prenante de son travail et de sa réflexion sur la peinture. Elle tisse ainsi un lien intime avec l’environnement qu’elle choisit pour sujet. L’artiste rend un hommage au paysage et aux premiers gestes picturaux.
Paysage mobile – Peinture vernaculaire
La relation orgueilleuse que nous avons avec le paysage restreint souvent les possibilités du regard. Réduit à une ressource, un outil ou un décor, le paysage limité, timide, se retrouve caricaturé dans l’espace de la toile.
C’est en puisant l’environnement direct et les souvenirs que sont construits les tableaux : le paysage devient structure mentale, architecture.
Mes peintures sont des histoires de paysages, ce ne sont pas les paysages qui racontent mais le paysage qui est raconté à travers des superpositions et des flash-backs comme des points de fuite du réel.
Au cours de ma résidence aux Ateliers du Plessix-Madeuc, je gravite autour de ces questions et je continue en parallèle ma recherche sur le matériau.
Ma pratique artistique s’articule à ma profession d’herboriste : je récolte végétaux et minéraux afin d’en isoler les pigments. J’essaie de capter par un procédé alchimique la richesse chromatique de mon environnement. Les couleurs récoltées sont mises en boite.
Cette technique me permet de tisser un lien intime entre le sujet, l’organique et l’oeuvre.
Il existe alors une mise en abîme du paysage dans la toile.
Ce processus me confronte à notre passé commun, tangible et onirique, aux gestes ancestraux et aux rites. C’est un hommage aux plantes et une manière de percevoir notre biotope non comme un simple sujet mais comme part intégrante de l’oeuvre, matrice même de l’image.
« Soit on est dans le paysage et l’on est écartelé entre l’universalisme cosmique et l’idiotie pathétique, entre la fusion de soi dans les éléments et le recueillement du monde autour de soi, soit on tente de sortir de ce cercle mais en restant à l’intérieur du paysage et l’on découpe des vues sur le monde qui sont comme autant de fausses fenêtres, des ruses pour donner au même la figure de l’autre. ».
Gilles A. Tiberghien, Le principe de l’Axolotl, 1998.